Burka : hissez les voiles !!
Tout a commencé par une déclaration du député ex-maire (il vient de passer la main) communiste de Vénissieux, André Gérin qui se posait des questions sur l'augmentation du nombre de personnes vêtues de la burka (le corps est totalement recouvert) ou du niqab (laisse apparaître les yeux) sur le territoire de sa commune. Qu'il trouve ça choquant et inquiétant, on peut l'entendre. Mais on peut aussi douter de la sincérité de son questionnement et de son désir d'y trouver des solutions à partir du moment où il mobilise les médias sur cette question et déclenche un monstrueux bordel, réveillant les passions sur un sujet qui devrait être justement traité hors de tout contexte passionnel.
Si Gérin avait été sincère sur son désir de réfléchir sur cette question, il aurait tenté de mobiliser des chercheurs et des responsables politiques pour prendre le temps d'étudier la chose et d'apporter des réponses de fond, au lieu de lancer une opération de com' médiatique. Ou alors il est con, ce qui est également une possibilité mais je ne peux l'affirmer, ne connaissant pas le bonhomme.
La suite, vous la connaissez : traitement dans les JT, reportages dans les banlieues, témoignages, et les interviews de politiques pour et contre. Subitement, la question du voile devient une priorité vitale pour la France alors que tout le monde s'en tapait jusqu'alors !
Parmi les réactions des contres, j'ai noté deux interventions particulièrement débiles, ignorantes, et pire, manipulatrices.
La première, nous la devons à Fadela Amara qui prétend qu'interdire le port de la burka, c'est lutter contre le fondamentalisme et l'intégrisme. C'est à peu près aussi con que de dire qu'on lutte contre la violence dans le monde en éteignant la télé. On ne se bat pas contre un fléau en faisant disparaître ses symptômes les plus visibles mais en s'attaquant aux racines mêmes de ce fléau. En passant, vous aurez sans doute remarqué que nous croisons plus facilement ces femmes dans les quartiers populaires concentrant de graves difficultés économiques et sociales que dans les centres villes. De là à penser qu'en luttant efficacement contre la ségrégation et la pauvreté on lutterait contre l'intégrisme de façon plus efficace qu'en s'attaquant à ses manifestations visibles...
La deuxième réaction, la pire, nous la devons à Jacques Myard, illustre inconnu député UMP sorti de l'anonymat pour l'occasion. Je vous la livre telle qu'elle a été enregistrée pour le JT de France 2 :
"Ca pose un problème de sécurité car on ne sait pas à qui on a affaire. Or, jusqu'à nouvel ordre, au moment où le gouvernement veut interdire les manifestations cagoulées, on voit déambuler, sur notre territoire, des êtres humains, non identifiés, complètement cachés(...). Il doit y avoir des amendes, voire même des peines correctionnelles".
Surfant sur le thème sarkozyste de l'insécurité, ce roquet UMPiste compare les manifestants cagoulés (les casseurs, les révolutionnaires, les violents quoi !) et les femmes qui portent la burka. Autrement dit, danger ! Pire ! Il les place en dehors de la société française ces "êtres... humains" (réussit-il malgré tout à cracher) qui déambulent sur notre territoire (les envahisseurs sont là, c'est clair !) qui sont non identifiés, complètement cachés (qui se cache à quelque chose à se reprocher, qui n'est pas identifiable est en dehors de nous et nous veut du mal).
Notons quand même que c'est la seule déclaration que j'ai entendue dans ce sens. Mais c'est une de trop ! Motivations électoralistes ? Petite pipe en passant aux électeurs du Front National ? Conviction profonde ? C'est difficile à dire... Peut-être un savant mélange de tout ça. Mais puisque le gouvernement aime tant faire des lois, peut-être pourrait-il en pondre une contre ceux qui allument les mèches, et pas juste contre ceux qui explosent !
Quand je croise (rarement mais ça m'est arrivé) une femme couverte de la tête aux pieds, oui ça me met mal à l'aise, oui ça me pose question. Mais cette manière de se saisir de ce problème, en désignant une nouvelle fois la même population du doigt, en stigmatisant une attitude, des vêtements, une apparence, en jetant l'opprobe sur des personnes qui y vivent déjà de par leurs origines culturelles et sociales, ne fera que radicaliser les positions, ghettoïser davantage ces populations, et creuser plus profondément le fossé qui nous sépare de manière à le rendre un peu plus infranchissable... Et à continuer à forger, lentement mais sûrement, les barrières de haine et d'incompréhension qui tôt ou tard nous pèteront à la gueule.
Si Gérin avait été sincère sur son désir de réfléchir sur cette question, il aurait tenté de mobiliser des chercheurs et des responsables politiques pour prendre le temps d'étudier la chose et d'apporter des réponses de fond, au lieu de lancer une opération de com' médiatique. Ou alors il est con, ce qui est également une possibilité mais je ne peux l'affirmer, ne connaissant pas le bonhomme.
La suite, vous la connaissez : traitement dans les JT, reportages dans les banlieues, témoignages, et les interviews de politiques pour et contre. Subitement, la question du voile devient une priorité vitale pour la France alors que tout le monde s'en tapait jusqu'alors !
Parmi les réactions des contres, j'ai noté deux interventions particulièrement débiles, ignorantes, et pire, manipulatrices.
La première, nous la devons à Fadela Amara qui prétend qu'interdire le port de la burka, c'est lutter contre le fondamentalisme et l'intégrisme. C'est à peu près aussi con que de dire qu'on lutte contre la violence dans le monde en éteignant la télé. On ne se bat pas contre un fléau en faisant disparaître ses symptômes les plus visibles mais en s'attaquant aux racines mêmes de ce fléau. En passant, vous aurez sans doute remarqué que nous croisons plus facilement ces femmes dans les quartiers populaires concentrant de graves difficultés économiques et sociales que dans les centres villes. De là à penser qu'en luttant efficacement contre la ségrégation et la pauvreté on lutterait contre l'intégrisme de façon plus efficace qu'en s'attaquant à ses manifestations visibles...
La deuxième réaction, la pire, nous la devons à Jacques Myard, illustre inconnu député UMP sorti de l'anonymat pour l'occasion. Je vous la livre telle qu'elle a été enregistrée pour le JT de France 2 :
"Ca pose un problème de sécurité car on ne sait pas à qui on a affaire. Or, jusqu'à nouvel ordre, au moment où le gouvernement veut interdire les manifestations cagoulées, on voit déambuler, sur notre territoire, des êtres humains, non identifiés, complètement cachés(...). Il doit y avoir des amendes, voire même des peines correctionnelles".
Surfant sur le thème sarkozyste de l'insécurité, ce roquet UMPiste compare les manifestants cagoulés (les casseurs, les révolutionnaires, les violents quoi !) et les femmes qui portent la burka. Autrement dit, danger ! Pire ! Il les place en dehors de la société française ces "êtres... humains" (réussit-il malgré tout à cracher) qui déambulent sur notre territoire (les envahisseurs sont là, c'est clair !) qui sont non identifiés, complètement cachés (qui se cache à quelque chose à se reprocher, qui n'est pas identifiable est en dehors de nous et nous veut du mal).
Notons quand même que c'est la seule déclaration que j'ai entendue dans ce sens. Mais c'est une de trop ! Motivations électoralistes ? Petite pipe en passant aux électeurs du Front National ? Conviction profonde ? C'est difficile à dire... Peut-être un savant mélange de tout ça. Mais puisque le gouvernement aime tant faire des lois, peut-être pourrait-il en pondre une contre ceux qui allument les mèches, et pas juste contre ceux qui explosent !
Quand je croise (rarement mais ça m'est arrivé) une femme couverte de la tête aux pieds, oui ça me met mal à l'aise, oui ça me pose question. Mais cette manière de se saisir de ce problème, en désignant une nouvelle fois la même population du doigt, en stigmatisant une attitude, des vêtements, une apparence, en jetant l'opprobe sur des personnes qui y vivent déjà de par leurs origines culturelles et sociales, ne fera que radicaliser les positions, ghettoïser davantage ces populations, et creuser plus profondément le fossé qui nous sépare de manière à le rendre un peu plus infranchissable... Et à continuer à forger, lentement mais sûrement, les barrières de haine et d'incompréhension qui tôt ou tard nous pèteront à la gueule.