ERS : Etablissement de Rejet Social
Ah les cons ! Ah les manches ! Ah les crétins congénitaux qu’on devrait les lobotomiser plutôt que de leur permettre de jouer et faire des expériences visiblement vouées à l’échec sur des petits d’hommes (n’importe quel connard aurait pu s’en douter).
L’histoire ?
En avril dernier, le Grand Suprême annonce la création d’internats « basés sur l'apprentissage de la règle, le respect de l'autorité et le goût de l'effort » pour accueillir des enfants en rupture scolaire. Tout un programme.
Aujourd’hui, j’apprends que les premiers élèves ont été accueillis dans un collège à Craon (en Mayenne). Quatorze élèves originaires de la Seine St Denis, en rupture scolaire, qui débarquent dans le collège d’une ville perdue de Mayenne. Ensemble !
Le jour même de leur arrivée, 5 d’entre eux ont agressé les autres élèves, les « normaux », les « locaux », distribuant claques et coups à des ados bien sages n’ayant probablement aucune idée de la façon de se défendre face à une violence inhabituelle pour eux.
Les 5 ados ont été illico renvoyés dans leur famille. Les profs menacent d’exercer leur droit de retrait si l’ERS (Etablissement de Réinsertion Scolaire) n’est pas fermé. Des parents ont enlevé leur(s) enfant(s) du collège, et posent la même exigence.
Je ne peux pas croire que quelqu'un soit assez con (pas même Sarkozy) pour penser ne serait-ce qu'une demi-seconde que ce dispositif pouvait fonctionner tel qu'il a été imaginé. Comment croire en effet que 14 mômes de Seine Saint Denis, en rupture scolaire (ce qui laisse imaginer déjà des situations personnelles très difficiles) pourraient se retrouver dans un petit collège provincial parmi d'autres ados à priori sans histoire, et que ces deux petits mondes là pourraient cohabiter sans se foutre sur la gueule ?
Pas besoin d'être un grand clerc pour se dire que les 14 mômes ont considérés les autres comme des bouseux, des intellos, des enfants de bourgeois, et que ces derniers ont défini les premiers comme des dangers, des envahisseurs hostiles, des étrangers (au sens d'étrange). Brefs, des ennemis.
Un antagonisme posé d'autant plus fort que, selon l'inspectrice de l'académie, les deux groupes ne devaient normalement pas se rencontrer puisque les ados en réinsertion « avaient pour consigne de retourner à leur étage après le petit-dejeuner » (les vilains, ils n'ont pas obéis) ! Il ne manquait que les grilles de sécurités, les miradors et les caméras. Et les chiens de garde !
Et ces gamins n'ont rien fait d'autre que ce qu'on attendait d'eux, c'est à dire se conduire en caïd, imposer leur loi à coup de taloches, et prendre ainsi leur billet retour direct pour rentrer chez eux. On a voulu leur imposer l'exil ? Ils ont forcé le retour...
Au delà d'un bras de fer perdu par l'autorité et les institutions (et dont les collégiens de Craon ont physiquement fait les frais), le plus dégueulasse dans cette histoire est d'avoir foutu une nouvelle fois ces jeunes dans une situation vouée par avance à l'échec, un de plus à ajouter à leur collection. Tout le monde sait que 14 jeunes en décrochage scolaire mis ensemble ne raccrocherons pas. Ce n'est déjà pas gagné d'avance quand un adulte s'occupe d'un seul alors 14... L'échec nourrit l'échec, et même si l'un d'entre eux au sein de ce groupe avait eu l'envie de s'en sortir, les autres l'en auraient empêché.
Dès lors, ne pouvant croire qu'il y ait des personnes assez stupides pour avoir cru au succès de ce programme, je me pose plein de questions : qu'a-t-on voulu prouver ? Que ces gamins étaient irrécupérables ? Que pour bien les « rééduquer » il fallait des centres fermés, spécialisés ? La prochaine étape, c'est quoi ? La maison de redressement ?`
Bref, quel tour de vis législatif et disciplinaire supplémentaire nous prépare-t-on une fois qu'on nous aura bien fait la preuve par TF1 + France2 que ces jeunes ne savent pas saisir les « chances » que l'état dans sa grande mansuétude leur offre ?
Tout ce que je sais, c'est qu'au centre de cette expérience de communication politico-idéologique (ne parlons pas d'éducation, c'est une notion totalement étrangère à ce programme), il y a 14 gamins en souffrance avec lesquels on joue comme des pions. C'est pas les collégiens de Craon qui méritaient des baffes. C'est les foutus empaffés qui ont pensé et osé mettre ce dispositif en place...